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2000 09 29 * zdnet france * Pourquoi l'affaire Echelon embarrasse Thomson-CSF * Jerome Thorel

Présumé victime d'Echelon pour avoir été espionné au profit d'intérêts américains, le groupe français d'électronique de défense Thomson-CSF ne désire pas prendre position sur le sujet. Et pour cause : Raytheon Corporation, la société américaine qui a profité de cet espionnage lors d'un contrat au Brésil en 1994, est en discussion avec le groupe français pour d'éventuels rapprochements, notamment dans le domaine des radars.

Le rapport écrit par Duncan Campbell en 1999 cite en effet l'affaire Thomson-Raytheon comme l'une des preuves que la National Security Agency (NSA) a utilisé Echelon à des fins d'espionnage économique. Le journal Independent on Sunday du 2 juillet 2000 revient sur l'affaire et cite d'autres cas jusqu'ici ignorés.

L'affaire Thomson-Raytheon débute en 1994, alors que l'État brésilien boucle un appel d'offres visant à mettre sur pieds le projet Sivam, un réseau de satellites équipés de radars pour surveiller la forêt amazonienne. Or l'interception de conversations téléphoniques entre des cadres de Thomson-CSF et des officiels brésiliens auraient révélé des tentatives de corruption des Français. Assez pour faire pencher la balance du côté de Raytheon, qui remportera ce contrat estimé à 1,3 milliard de dollars.

Raytheon et Thomson partenaires

í Nous n'avons pas l'intention de rentrer dans le débat sur cette affaire Echelon, explique à ZDNet une porte-parole de Thomson-CSF. Concernant Raytheon, il s'agit de l'un de nos partenaires en effet. Et nous discutons avec eux, en vue d'éventuels rapprochements dans de nombreux domaines, comme nous discutons avec d'autres partenaires. Rien de précis pour l'instant. ’

Au cours de la seule année 1998, Thomson-CSF et Raytheon se sont alliés pour remporter trois contrats : équipements radio pour la Royal Air Force, sonars pour l'US Navy et radars pour l'armée helvétique. Début 1999, la branche CSF de Thomson a fusionné avec Dassault Électronique pour devenir le fleuron tricolore en matière d'électronique de défense.

Le í rapprochement ’ avec Raytheon est évoqué par le P-DG de Thomson-CSF, Denis Ranque, dans un entretien publié dans Monde du 3 février 2000. Et fin juin, la revue confidentielle Defense News s'est montrée plus précise : citant des sources proche de Raytheon, elle évoque la création d'une joint-venture dans les radars hautement stratégiques. Une annonce qui doit être officialisée lors du salon aéronautique de Farnborough, au Royaume-Uni, du 24 au 30 juillet prochain, ajoutait Defense News.

Raytheon fournisseur d'Echelon

L'embarras du groupe français ne s'arrête pas là. Le rapport Campbell précise aussi que Raytheon est l'un des contractants de la NSA. í Raytheon fournit des services de maintenance et d'ingénierie pour la station d'interception des satellites d'Echelon installée par la NSA à Sugar Grove (en Virginie) ’.

Le rôle important joué par les Britanniques au sein d'Echelon ajoute encore un zeste de piment à cette affaire. Depuis le début de l'année, un certain Lord Roger Norman Freeman, 57 ans, fait partie du conseil d'administration de Thomson-CSF. Et ce, suite au rachat d'une société de défense d'Irlande du Nord qu'il dirigeait, Short Missile Systems. Or la notice biographique de Lord Roger précise qu'il était í ministre "Defence procurement" du gouvernement britannique entre 1994 et 1995 ’. Le fait que ce haut fonctionnaire de Sa Majesté occupait ce poste au moment de l'affaire Sivam reste bien entendu pure coïncidence.