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2000 09 * Confidentiel-Défense * Guerre économique : le bras de fer USA-UE touche t'il à sa fin?

http://www.confidentiel-defense.com/anciens/dossiereco/guerreco.htm

Il serait superflu d'évoquer la vague d'anti américanisme qui a touché la France et certains pays européens durant les dernières années. Une campagne de "communication", lancée par les politiques européens et relayée par une caisse de résonance médiatique bien sentie, a fait du réseau d'interception des télécommunications Echelon le symbole de cet antagonisme. Un symbole spectaculaire, facile à décrire et à comprendre, et accessible à toutes les couches de la société, à contrario des éléments économiques et stratégiques du différent qui oppose l'Union Européenne aux Etats-Unis. Mais cette offensive médiatique connaît elle réellement une suite politique sérieuse ? N'aurait elle pas été favorisée pour canaliser vers l'extérieur, en direction d'un lointain responsable, la révolte d'une population européenne en quête de coupables. Si tel est le cas, l'astuce est bonne car elle permet de limiter les effusions des masses à un incendie dans un Mac Donald... Comment les américains pourraient ils nous tenir rancune d'une telle peccadille. Qui sont ils et combien sont-ils, ces français et ces européens qui sont en mesure de comprendre et d'analyser les rouages de l'économie, et plus encore la guerre dont elle fait l'objet ?

 

Une actualité économique et sociale européenne devenue désormais préoccupante nous fait nous poser cette question : l'Europe ne s'est elle pas engagée, de longue date, dans une impossible partie de bras de fer avec les Etats Unis ? Cette association encore naissante et fragile de Nations, poussée par la France, n'aurait elle pas cru pouvoir réussir là ou l'Union Soviétique a échoué naguère. Comme en matière de renseignement en particulier, il n'y a ni amis ni ennemis et seulement des intérêts en matière d'économie et de relations internationales. Pour fournir toute l'énergie nécessaire à l'entretien de ce même bras de fer, l'Union Soviétique avait été rendue exsangue, et la "compagnie URSS" fut contrainte de déposer le bilan en 1991. Or les grèves désormais chroniques et les manifestations de mécontentement qui affectent plusieurs pays européens sont les signes bien visibles d'un début de faillite généralisée. Une analyse plus poussée de cette dernière conduit à se demander si elle n'est pas déjà bien entamée ? Compte tenu de la gravité de la situation, les médias sont incités à adopter un comportement de type "Guerre du Golfe" : pas de médiatisation des faits et réduction des informations aux seuls communiqués de presse gouvernementaux ; le contraire ne ferait que mettre de l'huile sur le feu. Dans le cadre de cet autre aspect de la guerre économique qui concerne plus spécifiquement des enjeux culturels et identitaires, il est certes légitime de croire opportun de défendre chèrement la position. Mais ces mêmes apparences que nous évoquons incitent à penser que les instances dirigeantes de l'Union Européenne se sont, dans le feu de l'action, peut-être inconsidérément laissées gagner par une aveuglante passion.

Moral des troupes.

Le quasi gel des salaires qui touche depuis maintenant sept années les pays européens --et qui se veut remède contre l'inflation-- n'a pas été accompagné d'une baisse des prix à la consommation en rapport. Ce choix politique inadapté a créé une réaction en chaîne économique. Si l'informatique et l'électroménager ont pu fort bien s'accommoder de ce blocage, du fait, entre autres, d'un amortissement des postes recherche et développement, les secteurs de l'alimentation et du textile, en revanche, ont dû combler ce handicap par une baisse significative des coûts de production et donc de la qualité. Le légitime malthusianisme économique (les quotas) imposé par la loi de l'offre et de la demande a constitué une limite infranchissable pour une agriculture, un élevage et une pêche qui, acculés, se meurent. La prolifération des farines animales ne sont que le fait de cette recherche de la réduction des coûts provoquée par d'écrasantes charges et contraintes diverses.

Le soudain et formidable développement des Leader Price, Lidl, Cash Converter et autres braderies en tous genres a stigmatisé cette nette tendance vers la paupérisation de la société européenne. L'Europe s'est donc engagée simultanément dans une lutte contre l'inflation et dans une guerre économique en employant des méthodes par trop radicales, dévastatrices pour l'économie et le moral de ses forces vives. Du fait du recours massif à des prélèvements fiscaux et sociaux importants, les pays européens -- à l'instar de beaucoup d'autres il est vrai-- produisent une offre pléthorique de biens et de services qui dépasse, de loin, le pouvoir d'achat des consommateurs. Ces effets s'additionnent et s'amplifient mutuellement, tel un effet de Larsen. Tous les secteurs de l'économie se retrouvent dans des contextes fortement concurrentiels, malsains, et peu favorables aux augmentations salariales et évolutions sociales. Le pouvoir d'achat insuffisant ne permet plus de consommer à hauteur de l'offre, et ainsi d'assainir l'économie de marché. La seule vertu de ce phénomène, qu'il soit d'origine naturelle ou non, est sa capacité à empêcher l'apparition de l'inflation, sinon à provoquer l'apparition d'une déflation. Rappelons que la déflation fait augmenter la valeur de l'argent ou baisser la valeur des biens de consommation, ce qui induit une tendance à la baisse des salaires... Si cette baisse des salaires concernait tous les pays riches auxquels quelques pays européens sont censés appartenir il pourrait y avoir égalisation ; mais ce n'est malheureusement pas le cas. On le comprend, donc, si cette politique économique est maintenu en l'état, le beau temps ne s'annoncera pas avant un certain temps en Europe. Pour ne rien arranger, la valeur de certains biens a augmenté à un point tel que ceux-ci sont devenus des produits de luxe. Ils ont vu leur prix s'envoler au niveau des possibilités financières d'une petite minorité, elle même majoritairement étrangère. Qui sont les couples avec deux enfants qui peuvent aujourd'hui s'acheter un appartement de surface adaptée dans la capitale française ?

Rappel historique des événements.

En France, l'origine de l'hémorragie économique remonte à la politique de nationalisations, hâtivement mise place en 1981 par un nouveau gouvernement socialiste encore immature. A cette même époque et en d'autres contrées, Ronald Reagan et Margareth Thatcher, plus aguerris, optaient, de concert, pour des options politico-économiques inverses caractérisées par un plus grand libéralisme économique. L'opposition de ces deux tendances conduisit l'économie française vers un repli sur elle-même, alors que, à quelques rares exceptions près, le reste du monde préférant singer l'Amérique faisait précisément le contraire. Le gouvernement de François Mitterand réalisa trop tard qu'il s'engageait dans une politique économique trop idéaliste qui prenait le contre-pied de la tendance mondiale instillée par les américains. Pour que les populations suivent, il fallait inciter ces dernières à tenir l'Amérique pour un énemi dangereux. Cette dernière action de communication correspondait, in extenso, à des méthodes d'influence intérieures des masses largement épprouvées en URSS et en Chine. Pour colmater les fissures et reporter sine die l'heure de la banqueroute, les français procédèrent, à grand renfort de publicité, à la création massive d'emplois dans la fonction publique, ce qui entraîna bien entendu un accroissement significatif des dépenses de l'Etat, qui impliquèrent à leur tour des augmentations et créations d'impôts directs et indirects. Il convient de rappeler que s'ajoutaient à ces dépenses une politique de mise en place d'exonérations fiscales et de création d'aides et d'allocations pour les couches sociales moins favorisées. Toutes ces nouvelles dépenses s'ajoutaient elles-mêmes aux besoins de trésorerie nécessaires à des nationalisations d'entreprises. Toutes ces mesures, assorties de nouveautés fiscales telles que l'Impôt sur les Grosses Fortunes (IGF) et des barèmes d'imposition excessifs en direction des revenus élevés favorisèrent une importante fuite de capitaux et d'investisseurs vers l'étranger. Parallèlement à ce programme --pour le moins révilutionnaire (sic)-- qui voulaient marquer une volonté de réformes profondes directement calquées sur celles en usage en URSS, on assista, toujours à cette même époque, à une inflation galopante qui mit en péril les banques et les organismes de crédit. On avait lors de cette période intérêt à emprunter de l'argent puisque la valeur réelle de celui-ci baissait à grande vitesse, et que les salaires augmentaient naturellement pour compenser l'effet inflationniste. Même à court terme, cette inflation permettait aux emprunteurs de rembourser moins que ce qu'ils avaient emprunté aux bailleurs... Les instances gouvernementales réglèrent ce dernier problème en autorisant les banques à revoir leur taux d'intérêt à la baisse. Cette mesure vint s'opposer brutalement à la forte inflation et l'on vit apparaître ce que l'on baptisa la "stagflation", soit un effet inflationniste et un autre déflationniste qui s'opposent et s'annihilent mutuellement. Il s'ensuivit un gel, voire une baisse dans certains secteurs, des salaires qui précéda une importante baisse du marché de l'immobilier, qui lui même venait d'être survalorisé lors des années précédentes. On peut effectivement analyser le problème de manière différente et dire que le gouvernement socialiste avait tenté de crever, avant terme, un bulle économique bien réelle et quasiment identique à celle que connut le Japon. Seul problème --et de taille-- cette bulle, effectivement réelle, est mondiale...

Dette publique.

La dette publique française s'élevait aux environs de 400 milliards de francs en 1981 et culmina aux environ de 3700 milliards de Francs à la fin du deuxième mandat de François Mitterand (elle dépasse aujourd'hui les 4000 milliards de francs). A titre indicatif, le budget du pays (c'est à dire la totalités des taxes et prélèvement fiscaux divers) était d'environ 1500 milliards de Francs à cette même époque. A partir de la fin des années 80, l'augmentation véritablement galopante de cette dette était principalement due au besoin de ré-emprunter pour en rembourser les seuls intérêts ; une histoire de fou... Pour donner un ordre d'idée, pour 3700 milliards de francs de dettes publiques, les intérêts s'élevaient aux environ de 250 milliards de francs... (cette dernière somme, additionnée aux manques de fonds publiques, correspondent à ce que nous appelons le déficit budgétaire.) Au sein de la communauté Européenne, avec le chiffre pourtant important de 65% du PIB, la dette publique de la France n'est pas la plus catastrophique car celles de l'Italie et de la Belgique excèdent 100% de leur PIB respectifs... Mais selon nos calculs, et en considérant que la politique économique actuelle de la France soit maintenue en l'état, la dette publique de la France devrait, à sont tour, atteindre 100% de son PIB vers l'année 2005/2006.

Incontrôlable mondialisation financière.

A la décharge --légère cependant-- du gouvernement Mitterand, Il faut admettre que le glas de ce que l'on appela "les Trente glorieuses" (sous entendu les trente années d'économie prospères qui firent suite à la deuxième Guerre Mondiale) avait déjà sonné le 15 août 1971, quand Nixon déclara la fin de l'équivalence et du change Dollar/or. Les américains avaient imprimé inconsidérément une trop grande quantité de billets et avaient durant tout ce temps financé, à eux seul, le développement de la machine économique mondiale. En échange de cette masse de "papier vert", les américains s'étaient engagés, depuis Bretton Wood, à rendre de l'or sonnant et trébuchant. La toute puissance des Etats-Unis et la confiance qu'ils inspiraient fit que personne n'osa jamais se demander si l'équivalent or de toute cette monnaie existait réellement. Pour autant, les propriétaires de tous ces Dollars ne manquaient pas de réclamer leur équivalent en or et les caisses de la Federal Reserve se vidèrent peu à peu jusqu'à provoquer l'émoi du gouvernement de Nixon, d'où cette soudaine déclaration inattendue de 1971.

Le résultat de l'annonce du Président américain ne se fit pas attendre. Le cours du Dollar perdit de sa valeur pour descendre immédiatement sous la barre des 4 francs. Mais à la stupéfaction générale, et du fait de la libéralisation des changes, le Dollar échappa totalement et soudainement au contrôle de son émetteur : les Etats Unis. Il fit soudainement l'objet d'une spéculation internationale et sa cote remonta tout aussitôt car le monde entier faisait confiance à la puissante Amérique. On achetait des Dollars pour les revendre plus chers à ceux qui, voyant leur côte remonter en réclamaient à leur tour ; et ainsi de suite. Le Dollar est alors devenu une monnaie internationale et non plus seulement américaine. Il y eut des Dollars européens, les Eurodollars, et des dollars moyen-orientaux, les Pétrodollars que les pays Arabes réclamaient en échange de leur or noir pour réaliser des plus values. Quoiqu'il en soit, la valeur faciale de ces Dollars excédaient leur valeur réelle, et c'est le seul phénomène spéculatif qui compensa la différence. Bref, on achetait et échangeait du simple papier comme si il s'était véritablement agit d'un matériau précieux. C'est depuis l'avènement de ce phénomène historico-économique que les spéculateurs ont pris l'habitude d'attribuer des cotes volontiers irrationnelles aux valeurs boursières. Mais le fait le plus important était surtout, qu'en abandonnant le contrôle d'une monnaie dispersée dans la nature les américains avaient déclenché la perte générale du contrôle de l'économie par les Gouvernements et leurs Banques centrales. Cette série d'événements qui s'enchaînèrent en un court laps de temps donna le coup d'envoi de ce que nous appelons aujourd'hui la mondialisation économique. Depuis lors, et pour schématiser ce phénomène de fluctuation chaotique, on dit que les monnaies "flottent". Plus précisément, les mécanismes provoquant aujourd'hui les variations des marchés boursiers et des monnaies sont constitués de multiples facteurs tels que : les créations, fusions et rachats de sociétés, les Offres Publiques d'Achat et d'échanges d'actions (OPA et OPE), la conjoncture politique mondiale, les initiatives des spéculateurs et ...les comportements de l'informatique de gestion de portefeuille boursier automatisée. L'interaction de ces différents facteurs complexes rend imprévisibles et incontrôlables ces fluctuations. Que les lecteurs les plus avisés ne nous en veulent pas de ce rappel à l'attention des néophytes. Aux autres qui s'étonnent de la présence de ce genre de propos tenus dans notre magazine, rappelons que ces notions font parti de la culture de base de tous les espions de la planète et que Vladimir Poutine, par exemple, s'est consacré en particulier à cette matière alors qu'il était employé par le KGB. Quand à ceux qui sont familiers de la presse économique, ils remarqueront que nous traitons ce sujet selon une manière inusitée dans les médias économiques communs, et sous un angle qui se veut stratégique et politique (parlant de politique, nous entendons real politique, bien entendu).

Les problèmes énergétiques.

Aujourd'hui, pénalisée par une dette extérieure égalant les 65% de son PIB, la France s'est engagée dans une farouche volonté de rendre sa balance commerciale bénéficiaire ; et les médias de reprendre en coeur des chiffres positifs dénués de signification parce qu'extraits de leur contexte global. Mais combien d'Européens, et de Français en particulier, sont capables d'y voir clair, d'interpréter ces chiffres lancés en l'air ? En France, comme dans beaucoup d'autres pays, l'un des bien les plus influents de la balance commerciale est le pétrole. Les stratèges du Ministère des finances disent qu'il faut réduire les importations pétrolières pour rendre la balance commerciale bénéficiaire, et ainsi ne pas rendre la France trop dépendante des pays arabes en matière de ressources énergétiques. Le mot d'ordre ne date pas d'hier. Pour l'électricité, avec plus de 80% de celle ci produite en France par le nucléaire, l'objectif est atteint. Sur un plan stratégique la France et l'Angleterre ont joué de manière fort pertinente sur ce point en lançant toute deux un programme de production d'électricité par le nucléaire en 1956 (1951 pour les Etats Unis). Si la France n'avait pas fait le choix du nucléaire pour son électricité, la situation économique du pays serait aujourd'hui catastrophique du fait de l'augmentation du prix du baril (on se demande, à cet égard, quelle mouche tsé-tsé à piqué dernièrement les Allemands...). L'électricité serait facturée à un tarif exorbitant et incompatible avec la notion de compétitivité devenue le maître mot de l'industrie. En revanche, la France, comme la plupart des pays européens, ont été moins bien avisés en limitant leurs importations pétrolières par une surfacturation des prix à la pompe, option que les Etats Unis se sont bien gardé de choisir quand à eux. La politique de prévention du risque engendrée par la vitesse des véhicules est en fait un prétexte plus facile à argumenter et à réglementer que le réel objectif : diminuer la consommation de pétrole par la diminution de la vitesse (a vitesse élevée, n'importe quel véhicule multiplie par près de deux fois sa consommation normale en essence). On est toujours amusé lorsque l'on apprend que le gendarme qui verbalise un excès de vitesse, comme le contrevenant, ignorent tous deux qu'ils se sont en fait rencontrés dans le cadre d'un rééquilibrage de la balance commerciale... Le soucis de la limitation des accidents par celle de la vitesse correspond tout de même bien à une réalité, rassurez vous, mais plus exactement, il n'est pas, en fait, le motif prioritaire. Vient, seulement en troisième position, le facteur pollution qui doit répondre à des conventions internationales fixées par les accords de Kyoto.

Mais l'option relative à la limitation des importations d'hydrocarbures choisie par les stratèges européens n'a pas tenu compte d'un facteur qui revêt, certes, une plus grande importance en Amérique où les trajets sont globalement plus longs. Dans une société, le temps de vivre est une soupape de sécurité indispensable au bon fonctionnement de la démocratie. Or, dans un pays riche et dans une société de consommation contemporaine, et en milieu citadin en particulier, ce temps de vivre entraîne obligatoirement des dépenses prélevées sur un "budget loisir". En France, et dans quelques autres pays européens, du fait d'une pression fiscale entraînée par les problèmes économico-politiques que nous avons précédemment évoqués, la part budgétaire accordée aux loisirs s'est considérablement réduite durant ces dernières années pour l'immense majorité des ménages. Pour beaucoup, la seule échappatoire envisagée était le voyage, ou, plus modestement, la promenade. Pour d'autres, tout aussi nombreux, le véhicule automobile --véritable phénomène socio-culturel du 20e siècle-- est un espace d'isolement et d'intimité et, par sa grande mobilité, un moyen de découverte et de liberté. Est il utile de développer plus cet aspect pour comprendre qu'entre les prélèvements obligatoires réduisants considérablement la part de loisirs et la surfacturation du recours à l'automobile, la soupape de sécurité est aujourd'hui totalement bouchée... Le développement important des jeux d'argent, de la délinquance, de la consommation de tabac, du stress et de différentes pathologies mentales en milieu citadin, du succès de la voyance et des sectes, du suicide, entre autres, sont autant de signes révélateurs de cet état.

Du provisoire qui dure longtemps.

Dans un autre registre, loin de réagir comme la logique rationaliste l'exige en pareille situation à caractère d'urgence, des pays tels que la France, par exemple, annoncent leur intention de créer des emplois dans la fonction publique. La création de ces emplois implique des salaires, assortis de charges déjà élevées, qui génèrent elles-mêmes autant de charges supplémentaires, ou simplement impossibles à diminuer, qu'il faudra faire payer à la collectivité. Les solutions de ce genre sont des mesures d'urgence qui s'additionnent de manière néfaste dans le temps et ne laissent jamais place à des moyens adaptés au long terme. La France, en particulier, a usé, et use toujours, de ce recours à outrance. A terme, l'addition de ces mesures successives conduit à une impasse car la quasi totalité de ces types de créations d'emplois ne produisent aucun biens de consommation ; ils ne participent pas de l'économie de marché... Dans le milieux de l'industrie, on les appele des postes improductifs. C'est la raison pour laquelle un gouvernement en vient à emprunter au dessus de ses besoins. Et le choix de ce genre de solution est quasiment irréversible, ainsi qu'en témoignent ces syndicats qui mènent des grèves dès lors que l'on parle de réductions ou même de non renouvellement d'emplois dans la fonction publique.

L'économie française en particulier, et européenne en général, sont aujourd'hui plus que préoccupantes, au point que les Etats-Unis s'en inquiètent eux-mêmes désormais. En voici les raisons. L'économie américaine est actuellement florissante et a donné lieu au sein de la population américaine à un optimisme ambiant généralisé qui incite les ménages à consommer. Or, la baisse du prix --lié à la hausse du Dollar-- des biens de consommation en provenance de l'extérieur a entraîné une consommation anormalement élevé de ceux-ci. Psychologiquement, la population américaine perçoit cette baisse des prix des produits en provenance de l'étranger comme une aubaine. En conséquence de quoi, le marché des automobiles allemandes et des pays nordiques est actuellement en pleine santé aux Etats Unis. Mais cette euphorie a provoqué un déficit de la balance commerciale américaine. Les Américains achètent aujourd'hui plus qu'il vendent à l'étranger et cette tendance évolue naturellement à la hausse... Il est bien sûr possible de corriger ce problème par la mise en place de taxes à l'importation, mais cette mesure est perçue comme hostile par les pays exportateurs et nuit à la bonne entente. D'où le soucis tout récent du gouvernement américain de voler au secours de l'économie européenne, pour tenter de rétablir l'équilibre de la balance commerciale ; le souci des américains à cet égard est, pour le moment, pondéré par l'excédent du budget fédéral.

Lors d'une conférence consacrée à la coopération entre les grandes zones monétaires internationales, qui s'est déroulée ce dimanche 24 septembre 2000, Paul Kimball, de la banque d'affaires Morgan Stanley Dean Witter commente : "Je crois que les autorités monétaires devraient mesurer leurs espérances de voir l'Euro monter beaucoup" ; il s'agit à l'évidence d'une litote. Il souligne que, parmi les 200 premières entreprises mondiales qui représentent les deux tiers de la capitalisation boursière tous marchés confondus, les entreprises américaines offrent en moyenne un retour sur investissement de 7% supérieur à celui de leurs concurrentes des autres régions du monde. Cela explique l'appétit des investisseurs pour les titres américains qui les pousse à acquérir du Dollar pour les acheter et propulse ainsi l'Euro à la baisse et le billet vert à la hausse.

Tous les géants ont des pieds d'argile.

Certains lecteurs néophytes en la matière seront peut-être surpris de constater que la toute puissance financière américaine repose sur les échanges commerciaux, et donc sur la bonne santé économique des autres pays. Un Dollar trop fort fera des produits américains trop chers à l'exportation, et pour exporter l'industrie locale devra pratiquer des ristournes et des facilités de paiement incompatibles avec le prix de la main d'oeuvre et le maintient du plein emploi. C'est donc, paradoxalement, en perdant notre bras de fer avec les américains que nous mettons ceux-ci en péril... Après la deuxième Guerre Mondiale, les américains avaient mis en place en Europe ce que l'on appela le "Plan Marshall". Le plan Marshall, du nom de son inventeur, fut tout spécialement créé pour développer dans les meilleurs délais une reprise de l'économie en Europe, et donc une participation de celle-ci aux échanges mondiaux en général, et avec les Etats Unis en particulier (CQFD). Cette aide était constituée, pour une part, de dons et d'aides à la reconstruction et à la reprise économique, et pour une autre part de prêts financiers. De la même manière, les américains dépéchèrent le général Douglas Mac Arthur au Japon pour y réinstaurer les activités économiques et industrielles, entre autres domaines. De là l'origine des modes de production et de consommation japonais d'aujourd'hui, directement inspirés par les méthodes et mentalités américaines. Depuis peu, nous observons un adoucissement des relations entre l'OTAN et l'Europe. Comme tout le reste, les investissements en armement et en renseignement sont directement tributaires de l'économie. Et compte tenu de la nouvelle conjoncture économique, on peut raisonnablement imaginer que certaines options des programmes européens d'achats de matériels militaire et militaires spatiaux seront revues à la baisse pour raison d'un meilleur partage des moyens de l'OTAN qui, rappelons-le, sont majoritairement américains.

Le pétrole, source de tous les maux.

Dans le cadre de cette hypothèse, une question se pose : sachant que les américains se trouvent dans l'obligation d'aider, directement ou indirectement par le biais des banques, l'économie européenne à se redresser, y aura t'il une nouvelle attitude américaine à l'égard des pays producteurs de pétrole ? En effet, le maintien d'une hausse progressive et régulière du prix du baril par l'OPEP affaiblira le secteur des transports en Europe, et donc ses économie et stabilité. Dans ce cas, les effets de l'aide américaine et de celle des banques ne pourront êtres que temporaires. Voulant limiter les importations pétrolières par une surtaxation à la pompe, et donc une incitation de la population à l'économie, ainsi que nous l'expliquions plus avant, les pays européens ont alloué le produit de ces taxes à des postes qui, avec le temps, sont devenus indispensables mais pour la plupart improductifs, eux aussi. Une solution originale --qui séduirait sans doute Richelieu si il était encore parmi nous-- consisterait à lever l'embargo irakien et à tirer profit de certaines spécificités de ce pays, socialement et historiquement incompatibles avec celles de la plupart des autres pays arabes ; ceci dans le but de faire pression. Nous admettons que cela revient à faire s'embraser le Moyen-Orient ; c'est affaire de choix. Plus clairement, on pourrait imaginer l'Irak qui, libérée de son embargo, se mettrait à vendre son pétrole à moitié prix pour déstabiliser ses concurrents, et ainsi inciter à une révision à la baisse des prix du brut imposés par les pays membres de l'OPEP, le temps de trouver des alternatives énergétiques. Il s'agirait là moins d'une stratégie que d'une simple astuce de "boutiquier". Dans cette éventualité, les pays Européens pourraient envisager sereinement une révision des prix à la pompe, et ainsi réinstaurer des contextes économiques et sociaux plus sains.