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Le défi du câble

C'est, dit-on, l'obsession du patron de la DGSE, Jean-Claude Cousseran, qui lit tout ce qui s'écrit sur le sujet : les câbles sous-marins. Depuis quelques années, en effet, la grande majorité des communications entre pays industrialisés passe par des réseaux de fibres optiques - et non plus par le satellite.

Comment les écouter ? Jusqu'à la fin des années 80, les câbles étaient "coaxiaux", comme disent les spécialistes. "Il était très simple d'y poser une bretelle, dit cet expert. D'autant plus facile que l'administration des télécoms nous laissait faire." La DGSE pouvait entrer dans les stations d'"atterrissement" des câbles à Penmarch en Bretagne et à Marseille. A France Télécom, devenue société anonyme, on confirme que ces mauvaises habitudes ont bien existé - "dans le passé", insiste un responsable. Avec l'arrivée des fibres optiques et la numérisation des signaux, l'écoute est devenue infiniment plus difficile. Les câbles de la dernière génération peuvent transporter plusieurs millions de communications simultanées. "Sous la mer, dit ce spécialiste, il n'y a qu'une solution : se brancher sur les répéteurs qui "boostent" la communication tous les 150 kilomètres. C'est très compliqué et coûteux." Selon une source, la Marine nationale aurait acheté plusieurs bathyscaphes, des mini-sous-marins, afin de mettre au point cette technique d'écoute. "Celle-ci ne pourra être utilisée que dans de rares cas", dit cet expert. Il y a une autre possibilité : s'introduire dans une station d'atterrissement et détourner le trafic. "On ne peut le faire qu'avec l'accord de l'opérateur." Il y a quelques années, la DGSE a étudié la question pour le Sea-Me-We 2, le câble qui relie Marseille à Singapour, et dont France Télécom est l'un des principaux opérateurs. Conclusion à l'époque : "Impossible. Il faudrait trop de capacités informatiques, trop de monde pour gérer l'information." Mais depuis, les câbles ont pris une place prépondérante dans les communications internationales. La DGSE ne peut plus les ignorer. Il va donc lui falloir investir. C'est, dit-on, ce que son patron, en quête de financement, martèle à tous ses interlocuteurs au sommet de l'Etat.